Être accro à un sport individuel comme le triathlon signifie-t-il être forcément une personne égoïste ? C’est un peu l’image qu’ont (à tort) les sportifs solitaires…
L’égoïsme est un tempérament très mal vu de manière générale. Être « égoïste » est un mot qui peut faire peur. Vous ne trouverez jamais personne se mettre en avant en disant qu’il est égoïste…
Pourtant l’égoïsme n’est pas toujours synonyme d’égocentrisme.
Cela peut vous paraître bizarre ou curieux mais nous vous proposons dans cet article de comprendre que l’égoïsme dans le sport peut avoir des effets bénéfiques et véhicule également des valeurs de partage.
Qu’est-ce que l’égoïsme dans le sport ?
Avant de commencer, reprenons les bases pour savoir avec précision qu’est-ce que l’égoïsme pour pouvoir mieux l’identifier par la suite.
Un peu de théorie…
Le dictionnaire français nous décrit un être égoïste comme : « Un attachement excessif porté à soi-même et à ses intérêts, au mépris des intérêts des autres. Considération exclusive de l’intérêt du groupe, chez tous ceux qui en sont membres. » ou encore : « Individualiste, qui ne pense qu’à soi, qui rapporte tout à soi. »
Donc théoriquement, on devrait retrouver dans le sport individuel des personnes méprisantes et qui ne se soucient pas des intérêts des autres.
Dans la vraie vie…
Sans transition, autant dire que l’on jette à la poubelle les entraîneurs et autres préparateurs physiques comme mentaux, dont le métier est centré sur l’écoute de l’autre.
Un raccourci un peu moins rapide serait de penser que ceux-ci n’auraient pas le droit d’être pris en considération puisque le sportif serait au centre de tout. Pire, les sportifs ne seraient pas pris en considération dans leur propre sport. Les entraînements seraient fixés de manière uniforme sans prendre en compte la forme physique et/ou mentale de l’athlète.
Se centrer sur soi, primordial pour se faire plaisir
Une des conditions essentielles dans le sport, qu’il soit individuel ou collectif, est de prendre du plaisir.
Pourtant, pour se faire plaisir, il faut s’écouter. Se jeter dans la performance sans réfléchir ne mènera qu’à la blessure. Et la question à se poser est : Est-ce qu’un sportif qui va jusqu’à la blessure sans vraiment réfléchir prend vraiment du plaisir ?
Bien au contraire.
Plaisir et Sport collectif
Dans un sport collectif, le plaisir peut se transmettre de plusieurs manières. Lors d’une action collective menée avec envie, chaque individu impliqué ira de sa propre fierté personnelle. Le plaisir est aussi transmis aux supporters et aux proches avec qui les sportifs pourront échanger et n’oublions pas que le bonheur attire le bonheur.
A la suite d’un exploit individuel le plaisir est très intense pour l’individu qui le réalise et son équipe. La sécrétion et la libération des hormones du plaisir sont essentielles pour s’épanouir dans le sport. Cela commence par être bien dans son corps et son esprit. Il faut donc se recentrer sur soi et par conséquent être un peu égoïste.
Plaisir et Sport individuel
Durant la pratique d’un sport individuel, se centrer sur soi est plus qu’essentiel pour pouvoir prendre du plaisir et progresser. Autant dans sa vie familiale que dans sa pratique sportive, pour prendre du plaisir il faut s’écouter et prendre en considération la réaction de son corps et de son esprit pour ne pas imploser.
Le sport peut prendre la place d’un échappatoire pour quelqu’un dont la vie professionnelle est bien chargée. Rajouter de la charge mentale lors d’un moment qui est censé être rempli de plaisir et de fierté revient à se tirer une deuxième balle dans le pied.
Ne laissez pas de côté l’échange avec votre entourage, d’autres sportifs ou même vos entraîneurs. Flatter votre égo ou celui de quelqu’un d’autre n’est que bénéfique dans les deux sens.
Se dépasser, sa fierté
Pour les compétiteurs, les vrais, le sport ne se résume pas qu’au plaisir. Leur objectif principal reste la performance et progresser en permanence (le plaisir est bien évidemment l’un des leviers de la performance, il est donc à privilégier !).
Les entraînements en sport individuel
Il est déconseillé de s’entraîner seul lors de la pratique d’un sport individuel. Cela permet d’éviter de rentrer dans une spirale infernale qui vous dit que le sport, ça se pratique seul !
Bien sûr si vous ressentez le besoin de vous entraîner seul, que ce soit pour un footing ou du spécifique, il faut vous écouter ! Mais attention à ne pas se priver automatiquement du contact avec les autres et de l’émulation positive que cela va provoquer.
Les échanges lors des entraînements sont bénéfiques pour votre esprit : se sentir moins seul dans l’effort, être conseillé ou conseiller. Le sport est un lieu de rencontre, même si c’est juste votre entraîneur, vous côtoyez une personne qui a la même passion que vous alors échangez !
Les compétitions individuelles
C’est l’objectif ultime, après tant d’heures d’entraînements, de préparation physique et mentale. Le temps est venu de performer en compétition.
Personne ne se déplace sur une compétition sans objectif. Que ce soit pour la victoire ou le meilleur classement possible en passant par le dépassement de soi ou pour se prouver des choses. Les compétiteurs, amateurs et professionnels, se donnent à fond pour atteindre leur objectif.
Pour y parvenir, le sportif doit laisser parler la part d’égoïsme qu’il a en lui. Quand on peut dépasser son adversaire, on le fait. Se centrer sur soi-même et ses performances devient naturel lorsqu’on veut atteindre cet objectif, celui pour lequel on a travaillé dur pendant des heures.
Le plaisir et la fierté procurés par l’atteinte des objectifs sont si intenses que les partager par la suite avec ses proches les amplifie davantage. Vous ne verrez jamais le vainqueur d’un Ironman passer la ligne d’arrivée sans le sourire aux lèvres.
Être égoïste pour réussir en sport individuel
Renaud Lavillenie, grand champion français de saut à la perche, avait livré une interview intéressante dans le journal Le Monde :« Oui, la plupart des champions vous le diront. La part d’égoïsme est nécessaire pour réussir. Si l’on ne pense pas à soi, on n’est pas apte à prendre certaines décisions difficiles. Une carrière d’athlète dure quinze ans au maximum. Il n’y a pas de place pour les erreurs et la perte de temps. »
Et si l’égoïsme n’était pas là où l’on croit ?
C’est certainement dans les sports collectifs que l’on retrouve paradoxalement le plus d’égoïsme.
En effet, quand les intérêts de l’équipe et de l’individu divergent, les cartes sont rejouées et des tensions peuvent apparaître.
Le sportif doit faire en sorte de prendre la meilleure décision pour sa carrière alors que le club cherche de son côté à obtenir le plus de titres.
On pourrait croire que les intérêts du club (gagner des titres principalement) sont les mêmes que pour les joueurs. Mais pas toujours.
Un joueur de foot peut par exemple avoir comme objectif d’accumuler le plus de temps de jeu possible pour intégrer la sélection nationale après une blessure. Le club peut penser autre chose, par exemple le préserver pour une échéance plus importante et décider de le mettre sur le banc de touche. Si en plus, on y ajoute la problématique de l’argent… Vous voyez rien n’est tout blanc ou tout noir !
Sport individuel et choix personnels
Cependant, pour pouvoir évoluer au meilleur niveau, des sacrifices et des choix difficiles s’imposent : déplacement, entraînement chronophage…. Il est parfois difficile d’allier les besoins des autres avec nos intérêts sportifs.
Le sportif amateur a, lui, tout intérêt à prendre en compte son environnement familial et professionnel pour ne pas créer de tensions de part et d’autre. Le maître mot : la communication et le partage pour ne pas s’isoler.
C’est pourquoi une forme modérée d’égoïsme est nécessaire pour pouvoir être heureux et performant dans sa pratique du sport individuel comme collectif.
Etre heureux dans son sport, c’est aussi s’épanouir dans sa vie personnelle. Comme nous vous l’avons déjà dit : le bonheur attire le bonheur. Être épanoui permet d’échanger et de partager bien plus que de simples moments sportifs. Et si être égoïste dans le sport c’était avant tout se donner les moyens d’être heureux pour pouvoir partager sa joie de vivre avec les autres ?